Tu ne sais pas ce qu’est le cordon sanitaire ou au contraire, tu voudrais en savoir plus sur le sujet ? Kotplanet t’explique.
Le 14 octobre 2024, Géraldine Maillet, autrice et chroniqueuse de TMP, a été invitée sur LN24 pour parler de son dernier livre. Elle a ensuite décrit “Touche pas à mon poste” comme un “dîner de famille” animé. L’animateur belge n’a pu s’empêcher de souligner la place accordée à l’extrême droite dans l’émission. Maillet a demandé si des émissions similaires existaient en Belgique et en Europe, affirmant que la montée de l’extrême droite n’était pas due à leur programme. Ce à quoi, l’animateur Jim Nejman a répondu : “…, — [Pas chez nous]. On a ce qu’on appelle un cordon sanitaire : on ne donne pas la parole à l’extrême droite en Belgique francophone.”
Mais alors le cordon sanitaire belge, c’est quoi ?
Le cordon sanitaire est une règle en Belgique francophone qui interdit aux médias de donner la parole aux représentants de l’extrême droite, pour protéger le débat public. Jean-Pierre Jacqmin, directeur de l’information de la RTBF, a d’ailleurs expliqué que cette pratique est jugée “incongrue” et inenvisageable, voire insupportable par certains interlocuteurs français.
C’est quoi son histoire ?
C’est le 24 novembre 1991, lors des élections belges où le Vlaams Blok, arborait des slogans contre les “rats français”, et a remporté douze sièges contre l’extrême droite francophone qui avait obtenu un député en Wallonie. Que Jacqmin, qui couvrait l’événement, s’est rendu compte de la dangerosité de l’influence du parti.
En 1988, le “cordon sanitaire politique” est abordé après une poussée du Vlaams Blok aux élections communale. Les partis traditionnels se détachent alors, progressivement, de l’extrême droite. À la RTBF à Bruxelles, la loi oblige le conseil d’administration de l’audiovisuel public flamand à inclure un représentant de l’extrême droite et c’est là que Robert Stéphane et Pierre Delrock tous les deux employés dans le média, sont intervenus en érigeant le fameux “cordon sanitaire médiatique”.
Rapidement validé par le conseil de la RTBF. Mais la rédaction belge remarque que les chaînes françaises, très populaires, interviewent des personnalités d’extrême droite comme Jean-Marie Le Pen et renforcent leur légitimité.
En 1994, le dispositif est remis en question par peur de la RTBF que l’extrême droite se présente en martyr, mais doit inclure Daniel Féret président du Front national dans les débats, Mais le cordon sanitaire est cependant maintenu grâce à des lois contre le racisme et la xénophobie, soutenues par Simon-Pierre De Coster, le conseiller juridique de l’administrateur général du média.
Comment ça fonctionne ?
Chaque programme électoral est analysé et consulté par des avocats spécialistes. En cas de contenus discriminatoires, ils sont exclus des émissions en direct. Souvent attaqué, le cordon sanitaire n’a jamais été condamné en justice. D’ailleurs, en 1999, le Conseil de l’État valide définitivement son principe et en 2012, une obligation pour les médias audiovisuels est même instaurée.
La presse écrite adopte aussi cette règle pour éviter de donner la parole à des personnes qui s’opposent aux droits et libertés fondamentaux, et le Conseil de déontologie journalistique belge souligne que la liberté d’expression ne justifie pas que les médias diffusent toutes les opinions.
Toujours là ? À travers cette lecture qui retrace l’histoire du cordon sanitaire, tu as pu découvrir comment les médias belges s’efforcent d’empêcher des débats extrémistes de prendre place du côté francophone. En tant qu’étudiant, trouves-tu que cette mise en place est toujours importante à l’heure actuelle ? Selon toi, pourrait-il y avoir du changement à l’avenir concernant cette pratique ? Kotplanet te laisse réfléchir sur le sujet.
Sources : Deslandes, M. (2025, 17 janvier). « On ne donne pas la parole à l’extrême droite » : petite histoire du cordon sanitaire belge. La Revue des médias. Récupéré de La Revue des médias.